Dimanche 16 mars, 10h20, Ternay.
Déjà 45 mn de retard, le 7ème salon de la BD de Ternay peut-il commencer sans nous ?
Pas mal de retard donc et la tête dans le gaz. Je ne suis pas du matin, alors quand en plus il faut prendre le crayon et dessiner devant des gens qui te regardent, t'imagines même pas la pression !
Ce mec là avec ses crayons, ses feutres, ses pinceaux... Il ne serait pas entrain de te pourrir ta bédé que tu viens d'acheter 11euros ? Sans deconner, c'est super risqué de nous confier cette responsabilité de si bonne heure !
En plus je sais que je ne pourrais pas compter sur Jean-Luc ce matin. Il sera bien là le bougre mais il sort tout juste d'une soirée "Rock'n'roll-Strip tease-Rouleau de printemps" alors je crains le pire.
J'arrive donc, encore plus stressé que d'habitude (mince, c'est vrai qu'aujourd'hui on présente et on signe notre nouvelle BD "Le Suaire de la Peur", saperlipopette mon stress fait un bon de 12 sur l'échelle du trouillomêtre), je serre deux ou trois paluches, repère mon nom sur la table des offrandes (ouf, je suis à coté d'Olivier Ferra, le moine bouddhiste de la bédé lyonnaise ! Sa zenitude me Ferra du bien !:), tourne en rond deux ou trois fois comme un chien avant de s'asseoir et pause enfin mon Auguste séant.
Une demi-seconde plus tard déboulent nos premiers "fans". Ils sont quatre, deux messieurs, une dame et une jeune fille. Ils ont le Suaire à la main et la ferme intension de se le faire dédicacer. Le monsieur à lunette me dit quelque chose. Je tente un : On se connaît, non ? En me disant que je devrais éviter de me tirer des balles dans les pieds de bon matin. Bien sur que je le connais, Didier Gross est un fidèle qui nous suis depuis les premiers pas de la Mallette à Lékoum. Je commence à me détendre un peu, Didier et sa famille sont adorables, on blague, je commande un café à un gentil bénévole et me décide pour la dédicace : Ce sera un portrait de Lison. Je commence à tracer l'ovale de son visage quand Didier me tend une photo. C'est un cadeau. Pour nous. C'est tout simplement beau. C'est une mise en scène ou sa fille, Elise, est entrain de voler le tableau de Lucas Cranach "La noble Dame Saxonne". Elise ressemble a s'y méprendre à notre petite Lison.
Y'a des matins comme ça ou tu te dis que c'est bien de raconter des histoires, surtout quand ces histoires te reviennent sous une autre forme, une photo, un dessin, une poule en chocolat.
Le Vol du cri et ses tableaux magiques ont vraisemblablement fait fonctionner l'imaginaire de nos lecteurs, gageons que nous aurons le même enthousiasme avec "Le Suaire de la peur", que cette nouvelle aventure d'Auguste-Louis Chandel vous inspire d'autres rêves.
Un Gross merci pour ce cadeau !

La fuite de Lison
"La fuite de Lison, de Nicolas Poulet - musée des Beaux Arts de Lyon - Photographie provenant de la collection privée d'Elise Gross. Nicolas Poulet (1854-2007) est un photographe lyonnais, élève de Degas. Tandis que ce dernier réalisait ses célèbres peintures de danseuses d'opéra, Nicolas Poulet effectuait des prises de vues depuis les gradins supèrieurs. Ce dernier étage a d'ailleurs depuis été malicieusement baptisé poulailler pour lui rendre hommage. Selon un musicien de l'Opéra de Lyon, Abel Damme (saxhorn), cette scène serait un instantané pris au sténopé alors que les deux hommes se promenaient dans les jardins du palais Saint-Pierre, proche de l'opéra, pour se détendre après une répétition. On y voit Lison s'enfuyant avec un tableau, non pas pour le dérober, mais justement pour lui éviter de subir le même sort que Le Cri d'Edvard Munch. La longévité exceptionnelle de Nicolas Poulet serait pour les uns une légende, pour les autres une conséquence d'une obscure et mystèrieuse histoire de linceul retrouvé à l'île Barbe."
Didier Gross